vendredi 17 juin 2011

Les cumulonimbus....

... ne sont pas un milieu d'avenir en général pour les pilotes. Et encore moins pour le pilote qui passe son examen IFR.

Hier, j'ai en effet passé mon test, que j'ai raté pour diverses raisons.

La principale, et j'en suis le responsable, a été de partir alors que les prévisions annonçaient des cumulonimbus (isolés, mais CB quand même) dans une vaste région qui s'étendait du nord jusqu'au sud de l'Angleterre. Pour confirmer l'éventuelle présence de "cunimb" sur ma route, qui aurait du m'amener jusqu'à Bristol, j'ai regardé attentivement les derniers tafs et metars sur tous les aérodromes du sud de l'Angleterre, et aucun ne mentionnait un éventuel passage de nuage orageux dans l'après midi. J'ai donc décidé de tenter le coup, peut être un peu trop pressé d'en finir avec la formation.

Je me présente donc avec le Beech Duchess au centre d'examen à 13H00. Pendant le roulage, je jette un coup d'oeil vers le nord, là où je prévois de partir. C'est très sombre, jamais je ne volerais tout seul là dedans. Et pourtant je continue. Pourquoi? Il n'est jamais trop tard pour annuler. Peut être qu' à ce moment là je pense que c'est plus la responsabilité de l'examinateur d''éviter les conditions météo dangereuses pendant le vol, l'élève ayant les panneaux ifr qui l'empêche de voir devant le nez de l'avion. Je continue, je me dit que ça va passer.

Rencontre avec l'examinateur, questions pendant le briefing, puis nous partons aux alentours de 14h30.


Le début du vol se passe bien, malgré les rafales de vent qui auraient également dû être une raison suffisante pour ne pas partir (trop pressé d'en finir...).

Puis, au bout de seulement 15 minutes de vol, les choses se compliquent vraiment. L'examinateur n'a pas l'air satisfait, et m'enlève carrément les panneaux IFR. Il me dit : "regarde le givrage sur les ailes". Aie aie aie..., ça devait tomber le jour J. On a en effet d'inquiétantes traces qui se forment sur la l'extrados de l'aile. Puis il me demande où se situe le capteur de température extérieure. N'étant pas habitué à garder un oeil sur la température - pendant toute la formation, c'était mon instructeur qui s'occupait de surveiller toute indication de givrage - je jette tout de même un regard à gauche, là où se situe d'habitude la sonde. Je m'aperçois qu'il n'y a rien à cet endroit. C'était là également ma faute d'être parti sur l'avion avec lequel j'étais le moins familier parmi les trois Beech Duchess de l'école, et où la sonde était en fait un petit système électronique situé du côté droit.

Puis la grêle. Là j'ai eu peur, on a compris qu'on était dans une situation assez dangereuse. Le bruit des grêlons mêlés aux fortes turbulences n'est pas agréable. En l'espace peut être d'une minute on a eu du givre, de la grêle et d'importantes turbulences. L'examinateur a repris les commandes, a fait un 180° et a annoncé à la radio qu'on descendait à 3000ft. Pendant la descente, malgré une forte assiette à piquer, le variomètre n'indique qu'un timide taux de descente avoisinant les 300 ft/min.

Sur le chemin du retour, l'ADF pointe vers l'arrière de l'avion, vers le nuage. Nous rentrons donc en suivant le GPS. Pendant un instant, les communications radio ont également été brouillées.
A l'arrivée sur Bournemouth, nous traversons plusieurs averses qui témoignent également de la présence de gros cumulus dans les alentours de l'aéroport.

Voilà. 30 minutes de vol en tout : 15 minutes à l'aller, 15 au retour. Ca s'est joué très très vite, je n'ai eu le temps que de décoller et de voler pendant 15 minutes. Et j'ai évidemment raté mon IR, non pas pour pilotage mais pour "airmanship", pour être parti dans des conditions météo dangereuses.
En y repensant, j'ai du mal à comprendre pourquoi j'ai décidé de faire un test en vol malgré de telles prévisions météo. Une semaine plus tôt, j'avais pris la décision de reporter mon pré test, alors que les conditions étaient quasiment similaires à celles d'hier. Les instructeurs m'avaient dit que "ça passerait", mais j'avais refusé. Hier, j'ai décidé de partir. Et évidemment, ça n'est pas passé...

Malgré ce test en apparence catastrophique, je ne suis pas si mécontent que ça car en l'espace de 30 minutes j'ai beaucoup appris. L'examinateur m'a entre autres donné de précieux conseils de pilotage pendant le débriefing, ponctués de quelques histoires en vol qu'il avait vécu pendant sa carrière aéronautique.

S'il faut tirer des leçons de ce vol :

- Ne pas partir à cause de pressions extérieures. Dans mon cas, l'envie d'en terminer le plus vite possible;
- Bien connaître son avion, même en instruction;
- Ne pas compter sur la chance, et les "ça va passer". Si quelque chose présente une faille, tôt ou tard elle fera son apparition. Dans mon cas, l'éventuelle possibilité de rentrer dans un cumulonimbus.

7 commentaires:

Petit Cabri a dit…

Bravo, il ne fait pas se décourager... Généralement, les conneries on les fait au test blanc....

Aller courage, cette aventure te sauvera peut être la vie dans quelques années...

Greystone a dit…

En y repensant ça me fait marrer parce que pendant le briefing avant de partir, l'examinateur m'a dit que inévitablement je ferais des erreurs pendant le test, mais que le plus important c'est d'en tirer des leçons. Il pensait pas si bien dire!

YD a dit…

Très interessant récit. C'est un signe de maturité que d'analyser ses erreurs et on a en a tous faites ! Lors de mon test PPL j'avais commis les mêmes erreurs que toi (empressement d'en finir, mauvaise appréciation mto) et je m'étais retrouvé en IMC avec l'examinateur à côté !

AirFranceOne a dit…

Dommage, j'imagine qu'au bout de la formation on a vraiment hâte de finir.

C'est bien néanmoins que tu tire les leçons de ce contretemps. L'obstination n'est pas compatible avec la sûreté en aviation.

Tiens-nous bien au jus et bon courage pour la suite.

Greystone a dit…

Merci messieurs, test annulé aujourd'hui pour cause météo. C'est marrant quand j'ai eu mon examinateur au tél ce matin (pas le même que celui de la dernière fois), je lui ai dit qu'il y avait présence de cumulonimbus aujourd'hui. Et il m'a répondu : "oh c'est pas grave, je serai ton radar météo et on les évitera". Hallucinant, la réaction opposée de celle du premier examinateur.

J'ai tout même annulé par peur de devoir faire demi tour encore une fois en cours de chemin, mais j'aurais bien aimé avoir cet examinateur au premier test...
Chance quand tu nous tiens.

Greystone a dit…

YD, il t'avait filé ton test ppl quand même ce jour là? J'imagine que non, mais parfois on tombe sur des FE sympas.

Ca va tellement vite de faire des erreurs, surtout quand on est fatigué.

YD a dit…

Non, j'avais été ajourné car le FE avait estimé que je n'avais pas correctement exploité (à raison) le dossier MTO qui prevoyait des visis assez mauvaises localement